Le F-35 s’exporte bien

Israël a annoncé, lundi 28 août, la commande de 17 F-35 supplémentaires. Le pays a donc commandé un total de 50 avions de chasse à Lockheed Martin. L’entreprise américaine a vendu un total de 711 avions à onze pays autres que les Etats-Unis, qui en ont commandés 2 456. Les plus gros acheteurs sont le Royaume-Uni (138), la Turquie (100) et l’Australie (100), selon Lockheed Martin. Viennent compléter cette liste : le Canada (65), l’Italie (60), la Norvège (52), le Japon (42), la Corée du Sud (40), les Pays-Bas (37), et le Danemark (27).

En comparaison, le Rafale construit par Dassault Aviation, pour l’instant, n’a été vendu à l’export qu’à l’Egypte (24), au Qatar (24) et à l’Inde (36). En s’exportant aussi bien, l’avion de chasse américain développé depuis 2001 par Lockheed Martin inquiète au sein de l’armée française.

Peur que la France soit « surclassée » au plan militaire

Tout d’abord la France craint d’être surclassée militairement parlant. En audition à l’Assemblée nationale le 19 juillet, le chef d’état-major de l’armée de l’Air française, le général André Lanata a déclaré : « Le F-35 va constituer rapidement un standard de référence dans les armées de l’air mondiales, pas uniquement aux États-Unis mais aussi chez nos principaux partenaires. Que l’on soit surclassé par les États-Unis n’est pas surprenant, que l’on commence à l’être par des partenaires équivalents est une autre affaire ».

En cause, deux atouts majeurs du F-35 : sa furtivité et sa connectivité. D’une part, l’avion de chasse développé par Lockheed Martin pourra s’approcher beaucoup plus près d’un objectif puisqu’il ne sera pas détecté par les radars actuels ou beaucoup plus tardivement. D’autre part, le général André Lanata mets en avant les capacités de connectivité du F-35 grâce auxquels l’avion de chasse « connecte massivement des informations avec les autres appareils du système de combat aérien ».

Crainte de la fin de l’industrie européenne

Le général André Lanata craint de ne plus avoir la capacité de développer un nouvel avion de combat au niveau européen. Des pays comme le Royaume-Uni, l’Italie, les Pays-Bas et le Danemark ont déjà passé commande auprès de Lockheed Martin pour se procurer le F-35. Ces derniers ne voudront donc probablement pas investir dans un nouvel avion de combat. La Belgique, la Finlande, l’Espagne, la Grèce, la Pologne, et la Roumanie pourraient venir compléter cette liste…

« Il me semble intéressant de prendre une initiative avec l’Allemagne pour engager un dialogue, afin d’étudier les possibilités de coopération pour remplacer ensemble nos flottes d’avions de combat », a déclaré le général André Lanata devant l’Assemblée nationale. Le chef d’état-major de l’armée de l’Air, précise que la France et l’Allemagne disposent de capacités d’investissement pour développer un nouvel appareil.

C’est effectivement le chemin que semble prendre les deux pays. Le 13 juillet, Emmanuel Macron et Angela Merkel ont exprimé leur intention de concevoir ensemble un futur avion de combat pour succéder au Rafale de Dassault Aviation, l’Eurofighter coproduit par Airbus, l’italien Leonardo et le britannique BAE Systems et le Gripen du suédois Saab. Mais le chemin est encore long avant une quelconque planification industrielle.